Situation au Niger : « La France et la CEDEAO n’ont tiré aucune leçon des situations malienne et burkinabè », Inoussa Idi Saouna, leader de la société civile
Inoussa Idi Saouna est un leader de la société civile nigérienne depuis plusieurs décennies ; il est membre de la Convergence citoyenne pour la démocratie et la République et fervent défenseur des droits de l’homme. Il a accordé un entretien avec nos confrères de Lefaso.net, le dimanche 8 octobre 2023. Entretien au cours de laquelle il a fustigé l’attitude de la France et de la CEDEAO de ne pas tirer leçon des situations malienne et burkinabè.
« La France et la CEDEAO n’ont tiré aucune leçon des situations malienne et burkinabè. Elles ont transformé en lutte de libération, un coup d’état. Les agissements de l’Élysée, les réactions émotionnelles de la CEDEAO sans chercher à comprendre la situation sur le terrain, ont tout facilité aux militaires », a affirmé Inoussa Idi Saouna
Selon lui, l’attitude de la CEDEAO et de la France a été « pitoyable et irresponsable ». Et d’ajouter que «le Nigéria et le Bénin ont été vraiment au summum de l’immoralité jusqu’à couper l’électricité pour l’un, la nourriture et le médicament pour l’autre. Rien ne peut justifier une telle réaction entre mêmes peuples ».
De son avis, les sanctions qu’il qualifie « d’inhumaines » imposées à son pays le Niger, ont eu l’effet contraire espéré. Ces sanctions n’ont fait que renforcer la fibre patriotique des Nigériens.
Le grand perdant dans tout cela, c’est la France, estime-t-il. « La France sort fragilisée de sa confrontation avec le Niger. Pire, humiliée, car elle est isolée sur le plan international par rapport à une lecture lucide et pacifique de la situation au Sahel », soutient Inoussa Idi Saouna.
Il a par ailleurs salué la solidarité du peuple et des autorités burkinabè en faveur du Niger et soutient dans la foulée que c’est un geste fort qui doit servir de leçon aux autres qui se sont laissés emporter.
« Le vin est déjà tiré, il faut le boire. Il faut rapidement aller vers la transition et un retour à l’ordre constitutionnel normal », conclut-il.
En rappel, les militaires ont fait irruption au pouvoir le 26 juillet 2023 sous la bannière du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) dont le président est le Général Abdourhamane Tchiani.
Wahab MANDE