Les députés de la Gambie ont rejeté lundi un projet de loi qui aurait pu autoriser l’excision sur toute l’étendue du territoire gambien.
Le vote a eu lieu après des mois de débats houleux dans cette nation largement musulmane de moins de 3 millions d’habitants. Les législateurs ont en fait tué le projet de loi en rejetant toutes ses clauses et en empêchant un vote final.
La procédure, également appelée mutilation génitale féminine, comprend l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes des filles, souvent par des praticiens communautaires traditionnels utilisant des outils tels que des lames de rasoir ou, parfois, par des agents de santé. Cette pratique, qui peut entraîner de graves hémorragies, la mort et des complications lors de l’accouchement, reste très répandue dans certaines régions d’Afrique.
En Gambie, plus de la moitié des femmes et des filles âgées de 15 à 49 ans ont subi cette intervention, selon les estimations des Nations unies. L’ancien dirigeant Yahya Jammeh a interdit la pratique de manière inattendue en 2015, sans autre explication. Mais les militants affirment que l’application de la loi a été faible et que les femmes ont continué à être excisées, seuls deux cas ayant fait l’objet de poursuites.
L’UNICEF a déclaré plus tôt cette année que quelque 30 millions de femmes dans le monde avaient subi une excision au cours des huit dernières années, la plupart en Afrique, mais aussi en Asie et au Moyen-Orient.
Selon une étude de la Banque mondiale citée plus tôt cette année par le Fonds des Nations unies pour la population, plus de 80 pays disposent de lois interdisant la procédure ou permettant de la poursuivre en justice. Parmi ces pays figurent l’Afrique du Sud, l’Iran, l’Inde et l’Éthiopie.
“Aucun texte religieux ne promeut ni ne tolère les mutilations génitales féminines”, indique le rapport de l’UNFPA, ajoutant qu’il n’y a aucun avantage à cette pratique.
À long terme, la pratique peut entraîner des infections des voies urinaires, des problèmes menstruels, des douleurs, une diminution de la satisfaction sexuelle et des complications à l’accouchement, ainsi que des dépressions, une faible estime de soi et un syndrome de stress post-traumatique.